vendredi 28 août 2009

Papeete: les jeunes skateurs dans la rue veulent un skatepark de qualité








Une trentaine de skateurs en colère, dont le plus jeune avait douze ans, ont investi hier la mairie de Papeete, et ont occupé la salle du conseil municipal pendant deux heures, avant que leurs porte-parole puissent être reçus par le chef de cabinet du maire, Steeve Peni. Vers 13 heures, ils étaient en effet des centaines, comme chaque mercredi, à se réunir sur le parking de l’Assemblée, garçons et filles. Autour de la statue de Pouvanaa a Oopa s’enchaînaient les figures libres et les acrobaties rythmées par la musique hip hop émise par des Ipods branchés sur amplificateurs. Une voiture de police municipale est venue interrompre ces jeux et, pour reprendre l‘expression de l’un desmuto’i, “les dégager”.



Pour l’un des rideurs, à qui l’on avait confisqué la planche quelques jours plutôt, ce fut trop. L’échange de propos fut bref. “Dégagez !” Et tandis que la plupart évacuaient le parking tranquillement, des noms d’oiseaux ont commencé à s’échanger. “Si vous n’êtes pas contents, allez vous plaindre à la mairie”, leur ont proposé les policiers municipaux. Et c’est très exactement ce qu’ils ont fait…
Vers 14 heures, un groupe d’une centaine de skateurs marchaient sur la mairie. Ils entrèrent dans le parc, pénétrèrent dans les locaux, et une trentaine d’entre eux investirent la salle du conseil municipal. “On veut voir lemaire !” Son chef de cabinet initia le dialogue et les invita à s’asseoir. Ils s’installèrent dans les fauteuils des conseillers et prirent la parole, dans le calme. Le plus jeune avait douze ans…

“On casse seulement nos skates”
“On veut que les ninjas cessent de nous chasser !”. “Faut nous rendre nos skates confisqués !”. “Faut réparer les skateparks, ils sont tous pourris, on se blesse”. “Faut que t’arrêtes de nous prendre pour des casseurs. On casse seulement nos skates, quand on ne nous les confisque pas !” “Faut que tu annules la loi qui nous interdit de skater en ville !” “La ville, c’est chez nous, on est dans la rue, le street c’est chez nous !” “On est des centaines. Tu veux qu’on revienne plus tard un peu plus nombreux ?”



Le chef du cabinet du maire a rappelé que le parking n’était pas un lieu pour faire du skate. Qu’il y avait plusieurs plaintes pour des voitures endommagées. Qu’il les comprenait. Que son fils lui-même était un passionné de planche à roulettes. “Avez-vous une association ?”, leur demanda-t-il. “Tu veux qu’on s’associe là ? Tout de suite, si tu veux !” Steeve Peni accepta de les recevoir, hors de la présence des journalistes, s’ils avaient des représentants.

Les gamins se regroupèrent autour d’une feuille de papier. Et désignèrent leurs représentants. “Nos porte-parole !” Ils furent reçus plus d’une heure dans le bureau très fermé du chef de cabinet. Prévenu par téléphone, le propriétaire d’un magasin de skate de la ville est arrivé entre-temps. Il sera reçu lui aussi par le chef de cabinet, sous la pression des gamins qui l’ont reconnu.

“Cela fait des années qu’il y a ce problème. Jamais rien n’est fait. Je connais ces gosses. Jeme doutais qu’un jour, il allait se passer quelque chose. Ils sont fiu !”, expliqua- t-il. Vers 17 heures, les porte-parole sortirent enfin. “On nous a pris nos numéros de téléphone. On devrait se revoir avec le maire.” Les gamins ont repris leurs skates et sont repartis. “On reviendra”. Rue Gauguin, trois ou quatre ne se privaient pas du plaisir d’y débouler en “ride”…

Lili Oop

Photographies Paskua

1 commentaire:

Astuss skate asso a dit…

Beh, voilà, c'est comme ça que ça doit se passer quand les skateurs sont pris pour des guignols, au forcing et en nombre... Ne nous laissons pas prendre pour des cons par des Elus, surtout quand leur seule réponse se traduit par l'intervention de policiers... Nous aussi ça a commencé comme ça, il y a 12 ans, lorsque les premières amendes ont commencé à pleuvoir alors qu'on n'avait pas d'autres solutions que la rue. Depuis, ça a bougé, pas vite, certes, mais ça a bougé !!! et ça continue de bouger !!!